Compte-rendu

PRÉAMBULE

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Nous avons tenté ici de rassembler, de croiser et de synthétiser les observations et les réflexions des différentes discussions des rencontres des 5 et 6 décembre et de rendre compte de nos surprises, interrogations, regrets... Après ce préambule, vous trouverez une sorte de synthèse croisant tables, fragments et rebondissements des discussions des plénières ainsi que le compte-rendu des différentes tables. Nous nous excusons d'avance pour les gens qui pourraient y trouver leurs propos raccourcis, inexacts ou détournés, ce texte est le fruit d'un mélange de notes et de souvenirs de certaines d'entre nous.
Les retours sur ces rencontres ont été très divers, y compris au sein du CSPCL : certains les ont jugées riches et intéressantes pour les échanges partagés, d'autre au contraire n'y ont pas trouvé ce qu'ils cherchaient, d'autres encore ont trouvé le temps trop court... Ce qui a plu aux uns, a d'ailleurs pu déplaire aux autres !
Il a été parfois compliqué d'organiser les moments de parole du fait que les participants changeaient d'un jour à l'autre, s'intégraient par vagues ou disparaissaient parfois en cours de route. Certains pensent que des interventions de personnes pour présenter les thèmes auraient enrichi le débat, mais nous avons privilégié la libre parole. Par ailleurs, nous nous sommes aperçu que les textes déposés sur le blog pour permettre d'avancer la réflexion avaient été assez peu lus.
Comme nous avions décidé dès le départ de privilégier l'échange et la rencontre au contenu, les thèmes des tables ont évolué par rapport au programme prédéfini, en fonction des propositions des uns ou des autres. L'idée de traiter tous les sujets à toutes les tables a été préféré à celle de faire une table par thème.
Il y a donc finalement eu moins de tables de prévues (deux tables par jour) et certains sujets (par exemple la circulation des gens, l'immigration, les frontières etc...) n'y ont pas trouvé de place ou de temps. Curieusement les contenus des tables ont été très différent d'une table à l'autre au cous des deux journées.
Le premier jour , une des tables s'est orienté d'emblée sur les expériences concrètes dans des espaces plutôt ruraux...et l'autre sur des espaces urbains ( squats, luttes en ville, etc...)
Le deuxième jour, une des table est partie à la recherche de la définition d'autonomie, le rapport aux institution, à l'environnement, etc... à partir d'exemple concrets et vécue; l'autre est davantage partie de l'analyse d'un film sur la mainmise d'investisseurs sur Marseille et du texte d'Annick Steevens qui figurait dans les textes du blog tournant autour de concepts de territoire et d'autonomie.
En ce qui concerne les participants, nous avons noté :
1) La diversité des participants venus souvent de très loin et paradoxalement l'absence de mouvements plus parisiens (hormis Montreuil : Demie-lune, les rencontres de l'est parisien, l'humus Montreuil, etc) et des collectifs de sans papiers (très pris par les grèves en cours), de ceux qui luttent contre les prisons et les centres de rétentions...
2) La venue importante de participants directement confrontés à des réflexions sur ces thèmes dans leurs propres expériences.
3) Peu de groupes "constitués" mais plutôt des individus, majoritairement confrontés à des luttes concrètes et participant à des groupes "informels". De mémoire (excusez-nous si certains sont oubliés), il y avait des participants venus...
- de l'Oise, impliqués dans un projet de lieu collectif de vie, de lutte et d'échange avec l'extérieur,
- de Marseille : des personnes impliquées dans un projet collectif à la campagne, en relation avec les paysans locaux mais sans cesser ses liens avec les luttes en ville ; et d'autres impliquées dans la lutte de contre les projets de transformation de la ville de Marseille,
- de Dijon,
- de Grenoble, des gens concernés par les luttes récentes contre les nano technologie et décidés à tenter de construire une expérience concrète dans un village,
- de Bretagne, des compagnons liés à la lutte contre l'aéroport de Notre-Dame des Landes,
- de Suisse Italienne, des compagnons qui croisaient l'expérience des luttes des centres sociaux italiens et leur rencontre avec le mouvement zapatiste,
- de Normandie, des Alpes maritimes, de Provence, de la communauté de Longo Maï,
- des mexicains séjournant ou de passage en France,
- des associations soutenant les Indiens du Chiapas et des Amériques (Espoir Chiapas, CSIA)
- ...et d'autres.... : au total et selon les moments, entre 15 et 60 personnes.
Il a été décidé de maintenir le blog actif (http://terre-et-territoires.blogspot.com/) en proposant à chacun de l'alimenter et d'y proposer des réflexions, d'autres initiatives, des rendez-vous futurs. C'est à nous tous de le faire vivre.
La rencontre et l'échange mais aussi la construction nécessitent du temps; le notre était bien trop court et les réponses nous ont manquées... Il faut davantage de temps et nous ces deux jours nous invitent à vouloir poursuivre ces moments de rencontre en en modifiant le cadre, par exemple sur des lieux d'initiatives concrètes !
Voici la liste des rendez-vous et des sites mentionnés au long de ces deux journées :
- 19/12 à Paris : discussion sur un projet d'espace régulier. Coordination des occupations de l'Est parisien
- Chantier du 16 au 19/12 d'un espace collectif : « Les Planchettes » autour de la lutte contre l'aéroport de Notre Dame des landes et de l'extension de la ville de Nantes.
- Montreuil : Ouverture d'une maison vendredi 4/12 au soir (très précaire) pour camper dans le jardin (arrêté de péril). 83 av. Wilson, métro Croix de Chavaux.
- Marseille : rencontres le 8 janvier autour des même thèmes "terres et territoires".
- Rencontre européenne des Collectifs de solidarité avec les zapatistes les 16 et 17 janvier à la Parole Errante (Montreuil). Les personnes intéressées par la solidarité avec les zapatistes et leur croisement avec les luttes européenne peuvent y venir (surtout le samedi après midi). www.europazatista.org
- Exposition autour de la révolte d'Oaxaca avec projection - débats les 18 et 19 janvier à Montreuil . Il est possible de faire venir cette exposition dans d'autre lieux (laparolequiroule.over-blog.com)
- visitez le site "Pasdejeuxolympiquessurdesterresvolées" (site en anglais) pour découvrir les luttes et événements organisés contre les Jeux Olympiques de 2010 : des gens ont été délogés au Canada pour ces Jeux qui se déroulent en territoires indiens
- Pour en savoir plus sur la lutte pour l'accès à la terre visiter le site ( http: www.reclaimthefields.org/)
- sur les Amap : http://www.reseau-amap.org/
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SYNTHÈSE

Voilà un aperçu partiel des idées évoquées au fil de ces 2 journées et des tables:
* Le territoire
La perte , en Europe, de l'idée du territoire
En comparant avec l'idée du territoire pour les zapatistes, beaucoup sont d'accord pour dire qu'ici on est moins attaché au "territoire". Les raisons évoquées:
-La déterrioralisation des individus car la campagne n'existe plus. Nous avons perdu l'idée du territoire en perdant la transmission de l'histoire des campagnes au lendemain de la guerre de 14 avec leur dépeuplement et la création d'une modernité froide et individuelle.
Cette dépossession de la mémoire du "territoire" n'est pas achevée (exemple des gamins du 13e arrondissement qui parlent "d'aller à Paname", quand ils sortent de leur cité).
Qu'est-ce qui fait la différence entre ici et là-bas dans cette conscience du territoire ?
- la grille qui nous a été imposée et nous a individualisés a déplacé la question.
-La séparation des choses : ici, on vit tout comme séparé à la différence des communautés zapatistes qui vivent l'idée du territoire sans la notion de limites mais au contraire de communauté, d'organisation et de lutte politique.
Il a été aussi évoqué le danger d'associer les notions d'identité à celle de territoire. La dépossession est une réalité ici et là-bas mais là-bas les liens collectifs sont forts. L'idée de lien à un territoire ancestral est dangereuse.
La notion de territoire doit être différenciée des idées de fermeture, de limites...
L'utilisation du mot territoire, d'identité, de racine et de leur sens fait débat : faut-il se réapproprier ces mots ou pas ?
Il y a une nouvelle idée du territoire à reconstruire!
rappel en pleinière de l'analyse de Raoul Zibechi, proposée dans le Blog "les territoires sont liés à des personnes qui les instituent, qui les marquent et qui les signalent sur la base des relations sociales qu’ils portent (...)
Le territoire est alors l’espace où se déploient des relations sociales différentes des capitalistes hégémoniques ; des lieux où les collectifs peuvent mettre en pratique des modes de vie différenciés"
La notion de récupération du territoire s'opère plus dans l'idée même que dans l'espace : Ce territoire là peut être multiple et éparpillé ( exemple: à Montreuil , il n'y a pas UNE communauté mais 150 ; un territoire mental y est-il associé nécessairement?)
Cette récupération est d'abord mentale et politique.
(Un exemple de son fonctionnement au Chiapas: un vendeur de saucisses ambulant, seul avec sa voiturette et entourés par des échoppes officielles dans une ville, remplie d'ennemis. Il prétend dépendre du "municipe autonome rebelle zapatiste " situé à plus de 200 km de là. au lieu de l'agresser ses voisins du marché le respectent: "oui, il est différent et il l'assume, il est courageux : il ne paye pas ses impôts, nous on n'a pas ce courage là ...ça lui a valu de se faire retirer plusieurs fois sa voiture...il a su se faire respecter".
Ce n'est pas la récupération d'un territoire qui enferme et délimite mais l'idée de recréer du lien entre les gens : "on commence à faire de la politique d'abord en créant des espaces collectifs et en y vivant"
Ce qui pose question c’est la pérennité des lieux et donc des projets qu’ils portent. La pérennité passe inévitablement par le lien aux autres, à ce qu’il y a autour, et donc il s’agirait surtout de développer l’autonomie non pas pour vivre clandestinement mais pour réussir à faire tenir son projet convoquant l’extérieur et la solidarité.
La notion de la relation entre territoire et autonomie revient souvent ! C'est pour cela qu'est soulignée l'importance du but : un territoire, pour y faire quoi ?
Exemple de Montreuil; chaque lieu est spécifique et propre à chaque collectif : "...ce serait comme créer une ville parallèle par en bas pour résister et construire autrement !"
Le LIEN, c'est avant tout dans l'échange qu'on le crée... d'où l'importance de la fête et l'importance de la lutte "ensemble ": "les gens des quartiers se regroupent ensemble souvent face à la pression". Et aussi, l'importance du plaisir pour" tenir" ensemble.
L'exemple de la lutte contre l'aéroport de Notre Dame des Landes (à coté de Nantes) souligne la difficulté à mener une lutte avec différents groupes sociaux dont les intérêts et la prise de conscience sont différents; Il souligne aussi la richesse des échanges dans cette lutte où il y a un mélange de groupes, d'âges et de points de vue.
Pour vivre ce "territoire ", il faut s'intéresser au rapport interne : "apprendre à vivre ensemble"; Certains ont rappelé le rôle de l'éducation populaire , d'autres l'échange de "savoir faire" ." pour changer la société, il faut changer en bas de sa porte."
Richesse du "faire ensemble"
Un exemple de l'importance du lien : A Marseille , c'est précisément la solidarité dans les quartiers qui dérange l'état car il s'agit d'une autre manière de penser et de créer.
* Le rapport avec l'extérieur; l'ouverture
On parle du paradoxe entre des expériences intéressantes mais séparées de l'environnement et des projets développés avec ceux qui nous entourent.
Dans tous les échanges on insiste sur l'importance de l'ouverture mais aussi sa difficulté (en particulier dans les expériences à la campagne)....et la particularité des milieux restreints où se posent davantage les problèmes de l'illégalité et de la clandestinité par rapport à la volonté de s'ouvrir sur les autres; c'est une contradiction lourde à assumer; comment la dépasser?
A la ville aussi, on parle de la difficulté de créer des lieux sans s'y enfermer.
Comme vecteur d'ouverture et d'échange est mentionnée l'école de tout le monde, l'aspect culturel (exemple proposé par les gens de l'Oise: projection de films , pièces de théâtre à sujet sensible qui permettent progressivement de toucher le village).
On évoque aussi la corrélation entre la difficulté des échanges et la fragmentation de l'espace public.
* L'autonomie
Discussion autour de la notion d'autonomie et de l'article d'A Stevens ("l'ancrage dans un territoire, exigence réactionnaire ou condition d'autonomie") : Cet article définit comme base de l'autonomie "résister, échanger, produire"( produire pour vivre ).
L' ancrage dans un espace / territoire est une condition indispensable pour tenter des expériences d'autonomie. " il faut se réapproprier un espace , un petit bout de rue ".
L'autonomie doit être réelle (exemple de l'importance de l'échange au café ; de l'importance de l'épicerie dans un village...). "Ce n'est pas le système ou les outils techniques qui vont lancer l'autonomie mais le lien entre les gens "
L'autonomie nécessite de maintenir une indépendance face aux institutions mais ce n'est pas facile et donc certains pensent que sur le long terme, c'est très lourd. Et qu'il faut parfois mieux accepter certaines subventions ; dans ce cas, on tombe d'accord qu'il faut être très attentifs au cadre et à la dérive; ne pas perdre les objectifs, se méfier des récupérations, prises de pouvoir etc....
Le rapport aux institution participe aussi de la teneur du lien avec l'extérieur. Les associations sont parfois la caution du pouvoir en place. La récupération des associations : en comparaison avec le Mexique, ici on est très manipulables parce que plus individualisés et moins collectifs. Mais avec un sentiment collectif : on se fait beaucoup moins avoir.
Pour qu'un projet dure il faut qu'il sache rester radical. La question de l’indépendance vis-à-vis des institutions n’est pas celle de l’indépendance en tant que telle mais le rapport de force qui est crée.
Les liens entre les luttes sont importants mais il faut aussi faire l'analyse de ce qui se passe, faire la critique politique.
Au cours d'un échange il est attiré l'attention sur le danger de récupération des mots: l'autonomie est aussi un terme récupéré par tous, aussi bien les sectes que les partis. Tout le problème vient de la définition de l'autonomie en partant d'un point de vue individualiste.
La question de l'autonomie ne se résout pas à des lieux mais à des territoires : C'est une question "existentielle". Il n'est pas question de lieux clos ou limités mais de ponts . Ce sont des formes de nomadismes imaginaires ou réels.
Aujourd'hui le combat autour de la CIP veut défendre le lieu (récupéré lors de la lutte des intermittents du spectacle de 2003) contre un plan d'urbanisme qui voudrait la faire disparaître. Ce lieu héberge toute sorte d'initiatives et est relié à d'autres initiatives de luttes ( CAF, Pôle emploi). Il tente de défendre les droits d'accès à des formes de subsistances dans le système capitaliste et à générer des luttes et des résistances contre ce système et à contribuer à créer de la "communauté" de lutte.
* Les spécialistes
Le spécialiste est l'inverse de l'échange : il enferme et cloisonne, il coupe le lien. Il faut lui opposer le partage des savoirs et savoir faire. (exemple des femmes maliennes qui se ré-approprient ici, en Europe, le savoir-faire de leurs familles en Afrique). On évoque la dynamique qui consiste à échanger des plants, des graines , des savoir- faire .
Devraient-on être tous paysans?
* Le rapport ville campagne
Est soulignée l'importance des Amaps dans l'échange villes-campagne mais aussi leurs limites : on est loin de sortir de "l'économie " ; on peut y recréer les mêmes conditions d'exploitation et de dépendance; on reste dans le système et dans une logique de spécialistes. Une discussion a eu lieu autour de cette opinion : certains ont soulignés que ça dépendait des cas : dans beaucoup d'Amap ce n'est pas le cas et, de fait, c'est contraire au principe même des Amaps !
Une discussion s'établit sur comment élargir à tous ces Amaps, de les faire connaître et d'y attirer tout le monde, que ça ne reste pas « bobo ».
A l'une des tables du samedi après midi: il s'agit de rompre avec la logique de mise à distance ville-campagne : la question foncière touche tout le monde : il faut réduire la distance et créer des rencontres pour tisser les liens et voir quelle démarche et quelle stratégie possible.
Il y a une différence de rythme et d' exigence entre les projets à la ville et à la campagne: A la campagne, cela dépend de beaucoup de facteurs extérieurs: on dépend plus de codes sociaux mais aussi de réseaux déjà formés où les initiatives peuvent naître plus facilement.
* L'accès à la terre
la terre est actuellement réservée aux spécialistes (diplômes exigés; rôle de la Safer à la campagne et des urbanistes en ville).
Il n 'y a, à la campagne, que quelques pistes pour des projets économiques mais pas pour des projets de vie ; en particulier on a évoqué les initiatives de :
-Terres de liens, société foncière à parts sociales qui tente de permettre l'accès à la terre à de jeunes paysans.
-Reclaims the fields, un campement destiné aux jeunes paysans voulant s'installer et organisé par via campesina : il s'agissait d'échanger, de s'entraider, de trouver des dynamiques collectives ( http: www.reclaimthefields.org/)
- Communautés de Longo maï : sa naissance est un projet à l'initiative d'un groupe de Suisses et d'Autrichiens d'investir des terres laissés à l'abandon au lendemain de mai 68. Fonctionnement par assemblées. collectivisation des fermes à travers des GFA .Les collectivités de Longo Maï sont financées à partir de dons individuels, de la vente de leurs produits agricoles et des subventions agricoles qu'ils acceptent contrairement aux subventions "institutionnelles" . Ils s'inscrivent dans une volonté d'ouverture et de rencontre avec d' autres luttes et initiative.
* Le rapport aux institutions
Comment rester "vrai" dans un espace qui ne l'est pas.
On parle du paradoxe des villes marchandises, des villes qui se mettent en scène (exemple de Montreuil où les assos qui soutiennent Voynet permettent en même temps qu'on expulse les roms sous prétexte d'hygiène. La politique des "encombrants" élimine les gens qui en profitaient au service de la ville propre, c'est à dire les pauvres.
On parle du poids des mots, de leur récupération : comment se réapproprier les mots?

* Des propositions et des exemples concrets
- Des mutualisations de services et de matériel ( véhicule, garde d'enfant, etc...)
-A Tours: initiative d'un festival " des bâtons dans la rue" où des petits potagers sont installés dans les plates bandes de la mairie.
-Agriculture urbaine à Toulouse , Amiens
- A Madrid des jardins ouvriers situés à près de 20km des habitants: les gens s'y rendent pour pouvoir y jardiner.
-A Beauvais, l'écume des jours offre un système de monnaie parallèle (1 heure de travail); il n'y a pas de quantification... ...il existe quelque chose de ressemblant à Forcalquier mais dans les deux cas, le constat est que si ça crée évidemment des liens , ça peut aussi dégénérer rapidement, s'il n'y a pas de convivialité.
- Coordination de l'Est parisien. Pour ne pas rester seulement sur Montreuil mais s'élargir : facs, sans pap', logement, squats... Pour se rencontrer en plus que dans les événements (manifs...). Espace d'information plus que d'organisation pour expliquer, échanger des idées mais pas forcement organiser un groupe.
- Notre Dame des Landes : sur l'aéroport : 16 au 19 /12. Cabane collective et 19et 20/12 : chantier pour retaper une baraque qui pourrait être détruite.
* Les limites
De l'autonomie alimentaire
Ce sont celles imposées par le système … On reste dans la récup' de la société d'abondance et dans la débrouille plutôt que l'indépendance, en gros : "dans l'autonomie par rapport au super marché"!
Problèmes posée par les limites générées par les institutions :
Exemple: les villes ont fait disparaître les jardins ouvriers.
Problèmes de la logique des institutions ( rôle de la SAFER (à la campagne); valeur immobilières des terrains, propriété privée )
Exemple : A Montreuil, où l'association Humus cherche à récupérer les terrains des murs à pêches pour développer un projet de jardin et dAmap, il faut passer par la grille des associations et des projets de la mairie

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COMPTES-RENDUS
Samedi 5 décembre 2009

Plénière
* Présentation
Ces journées ont été organisées pour prolonger la dynamique de rencontres de lutte ici et faire la passerelle avec les luttes là-bas. L'ancrage local des luttes est important.
Là-bas, il y a de nombreuses luttes pour défendre la terre et le territoire.
Que signifie pour nous, ici, la campagne internationale des zapatistes et d'autres ?
Qu'est que c'est que l'ancrage dans le territoire ? Centre sociaux...
Là où on vit, là où on bosse, comment ça se passe ? Où on en est ? Quelles sont les passerelles entre ces luttes, ces réalités ? C'est une manière de se rencontrer, de se raconter...
Comment créer et entretenir les liens au niveau local, régional et international ?
CSPCL : interaction avec le Chiapas et l'Autre Campagne (Otra Campaña)
En janvier, des rencontres européennes ont lieu à Paris, et un des thèmes centraux sera la question de la terre et du territoire ici et là-bas... Nous avions donc la volonté de développer ce thème avec les luttes ici pour amorcer la discussion sur nos réalités, nos luttes, nos liens ici pour élargir ensuite au réseau européen des collectifs de solidarité avec le Chiapas.
Chez nous, la notion de territoire n’est pas forcément évidente. Au contraire, au Mexique, dans les communautés indiennes, elle paraît d’autant plus évidente que c’est précisément leur territoire,celui sans lequel elles ne pourraient exister qui est attaqué de toute part par les consortiums des multinationales. Toute l’Europe, dont la France, profitent des intérêts qui poussent le gouvernement mexicain et les multinationales à s’en prendre aux territoires des indiens car ce sont aussi ceux où les ressources naturelles ont été préservées. Nous avons choisi de ne pas parler du Mexique car nous avons souhaité consacrer ces journées d’échanges à une discussion sur les luttes d’ici.
Pour tout ce qui concerne le Mexique et sa situation actuelle, vous trouverez des textes sur le blog en particulier des textes de Marcos, André Aubry et un texte de Jean pierre Petit gras qui vous apportera un bon état des lieux de la situation d’agression des communautés indiennes au chiapas, aujourd’hui.
Sur la notion de territoire, il y a aussi sur le blog un texte de Raul Zibechi, très intéressant qui définit le concept de territoire non pas comme un concept de territoire fermé et statique mais plutôt dans une perspective de mouvement et de lien entre les gens , un territoire «mental »
Ici aussi les luttes s’inscrivent dans un espace, un environnement…à la ville ou à la campagne . Nous pensons intéressant de questionner les notions d’espace, terrain , territoire et d’autonomie pour mieux comprendre comment ça se passe ici et les différences avec là-bas.

* Tour de table
- Des membres du collectif Caracol Marseille montent une expérience rurale pour aller le plus loin possible dans l'autonomie et en soutien aux autres luttes contre le capitalisme décadent.
- Construction de l'autonomie : comment articuler nos projets ici et là-bas. Intérêt aussi sur la circulation et le thème de la frontière qui nous remet en question dans nos pratique. La question de la solidarité fondamentale.
- Expérience personnelle d'un collectif d'habitation : récupération d'un lieu pour habiter qui existe aujourd'hui dans l'Oise. Processus, questionnement.
- Habiter : c'est quelque chose qui nous concerne tous dans notre manière d'être au monde. Il est de plus en plus nécessaire d'habiter et en même temps on observe un phénomène de déterritorialisation. Dans le monde rural, tout est exploitable et exploité. Il y a une perte totale de territoire. Il est donc important de s'organiser, de se ré-approprier ce territoire.
- Collectif d'une dizaine de personnes qui ont recherché pendant 2/3 ans un lieu mais ils ne rentraient jamais dans les cases : difficile de trouver un terrain pour habiter. Il ont finalement acheté. Il est importance de tisser des liens au niveau local : volonté d'échanger là-dessus.
Le lieu ne correspond pas du tout à l'origine du projet (terrain avec lieux séparés) : c'est un grand bâtiment avec moins d'autonomie pour chacun.
Il sont dans la réflexion orientée vraiment dans ce qu'ils vivent. Impression d'être en lutte sur le lieu (même si c'est difficile avec les travaux) mais de ne pas être dans les autres luttes. Ils sont centrés sur ce projet collectif même si c'est en soi une forme de lutte. Volonté de refaire du lien quand on s'ancre quelque part avec d'autres.
- J'ai la tête et le cœur en Normandie avec un réseau de gens, mais beaucoup sont venus se planquer dans la campagne avec l'impression d'éviter le politique : on veut quoi ? Ça fait du bien de réfléchir ensemble avec l'envie de réfléchir à un lieu.
- Je viens de Dijon et j'ai vécu en Amérique latine. J'ai vécu des luttes assez fortes là-bas mais ici, c'est difficile de se retrouver dans les espaces, les réseaux. L'idée de projet de territoire est difficile à définir.
- J'ai vécu entre la Suisse italienne et le Mexique pour bouger, voir différentes réalités. Les rencontres sur l'espace, le territoire, et les différentes conceptions de ces notions sont intéressantes . Que construire dans ces espaces ? Cette question est souvent mise de côté : construction de l'autonomie, de l'émancipation. Intérêts aussi pour la question fondamentale des déplacements, des migrations...
- Je viens du Mexique. Les luttes du Mexique se lèvent chacune pour ses intérêts : la terre (Atenco, Guerrero, Oaxaca) et leurs problèmes y compris les zapatistes. Je suis zapatiste de cœur mais je m'intéresse aux luttes de différents endroits. Intérêt pour les luttes de Mexico (SME : 44 000 personnes en lutte qui réunissent d'autres luttes de différentes régions). La différence avec la révolution de 1910 (avec des chefs) : les peuples luttent ensemble pour leurs propres questions locales, c'est plus viable. La manière d'éviter les leaders, c'est d'être chacun leader de sa propre vie pour pouvoir faire la révolution.
- Je viens du Mexique et depuis mon arrivée en France j'ai des difficultés à rencontrer des luttes, de trouver comment faire sa vie ici dans les luttes locales. Comment vivre notre vie dans cet espace ?
- Je fais partie d'Espoir Chiapas et j'ai pas mal voyagé en Amérique centrale. J'ai envie de rencontrer d'autres collectifs avec des similarités. Installée sur Paris provisoirement, mais du provisoire qui dure. Importance du vivre ensemble dans la question du territoire (exemple de la colonie de vacances avec l'appropriation du lieu). Lien avec les valeurs, lutte contre le capitalisme.
- Difficulté de la notion de territoire. Là-bas : terre et territoire : lié à l'idée de communauté, et en même temps volonté des multinationales et des gouvernements de récupérer ces terres. Exemple du vendeur de saucisses : « ici vous êtes en territoire zapatiste ». Comment recréer du lien, se connaître. Pas d'intérêt pour la notion de territoire / sol.
- La terre, elle nous tient, mais on est moins tenus dans des lieux dépossédés. La dépossession est en cours mais pas achevée. Habiter : c'est affirmer une présence. Question de l'identité : gamins des cités du 13e qui sortent de la cité et disent « je vais à Paname ».
* Discussion
On n'as pas forcément d'identité sur un seul lieu : on peut avoir un projet dans le Larzac mais aussi un lieu à défendre à Marseille, à Toulouse : des lieux qui font partie du même territoire. Différence avec les années 1960 : on ne veut pas s'enfermer dans une bulle.
Comment alimenter les liens ?
Habiter : c'est le rapport avec les autres. On peut ne se sentir de nul part de précis (histoire liée à l'immigration), sans ancrage. C'est différent de quelqu'un qui est dans le même endroit depuis des générations. Ce sont les liens avec les autres, les relations construites qui font d'un lieu l'endroit qu'on habite, qui nous habite.
Aujourd'hui on est moins attaché à un territoire... pourquoi ? Perte d'identité ? Les indiens ressentent le territoire de façon plus forte. Ils s'en nourrissent.
La France rurale est en décomposition.
C'est différent d'être attaché à un endroit et de connaître, de voyager, de vivre dans d'autres endroits. Montreuil est une ville à laquelle beaucoup de personnes s'identifient et tout le monde a de la famille au bled. À Montreuil, il y a 150 communautés... pas une seule.
On a parfois l'impression de consommer l'espace où on est : de vivre dans des lieux interchangeables. Appauvrissement de ce que veut dire vivre.
Idée de communauté : question de la langue, du lieu de vie, de l'intensité du lien avec là où tu vis.
L'intensité vient des gens avec qui tu vis, des liens affectifs.
Qu'est ce qui fait la différence entre ici et là-bas ? Une grille nous a été imposée pour nous individualiser et déplacer la question.
Ici : l'espace y compris mental est beaucoup plus morcelé. Les luttes se font chacune dans sa bulle : sans pap', précaires... Les collectifs sont dans des mondes séparés, ne se rencontrent pas.
L'espace n'est pas seulement réduit aux relations entre les gens.
Question urbaine : différenciation de l'usage des lieux : les espaces sont très indifférenciés en Ile-de-France. Habiter : c'est retrouver dans le territoire une identité propre, se le réapproprier.
Il faut faire attention au danger d'associer les notions d'identité et de territoire, surtout en ce moment. Nationalisme : à l'échelle d'un État ou d'une cité. Problème fondamental : l'atomisation.
La dépossession est une réalité ici et là-bas mais là-bas les liens collectifs sont forts.
L'idée de lien à un territoire ancestral est dangereuse.
La notion de territoire doit être différenciée des idées de fermeture, de limites...
L'utilisation du mot territoire, d'identité, de racine et de leur sens fait débat : faut-il se réapproprier ces mots ou pas ? Guerre de 1914 : rupture dans la transmission du sens de ces mots.
Le problème du mot territoire c'est que ce n'est pas la même vision ici et là-bas. Ce qui nous intéresse, ce sont les liens.
Le territoire selon les zapatistes n'est pas délimité, c'est une question de communauté, d'organisation, de lutte politique. Il peut y avoir des juxtaposition de communautés zapatistes et non zapatistes, les limites ne sont pas clairement définies, démarquées.
Une commune autonome signifie que l'école, la clinique.... sont autonomes.
On a l'impression de commencer à faire de la politique ici en créant des espaces collectifs, en y vivant. Chaque lieu spécifique, propre à chaque collectif.
Rappel des tables de discussions qui avaient été proposées dans l’invitation et décision de faire deux tables mais de laisser le sujet à l’appréciation des participants

Table d'en haut
Habiter à la campagne : on fait plus souvent référence au fait de vivre près d'un village connu pour être un des plus beaux de France que par ses habitants.
Il y a une image réductrice de la campagne : aujourd'hui il y a beaucoup de villages dortoirs.
À Dijon, des milieux populaires se ré-approprient les espaces ruraux.
* Comment créons-nous du lien dans nos quartiers, villages...
Ouverture d'un lieu collectif à la campagne : volonté d'ouvrir un lieu aux gens du village mais c'est plus facile au départ de l'ouvrir au réseau qui a des centres d'intérêt commun qu'aux voisins.
Qu'est-ce qu'on veut faire avec les gens du village, comment ? Activités : projections de documentaires, théâtre, rencontres... Le lien le plus direct se fait à travers l'école. Il est aussi difficile de créer des liens avec le village aussi parce que les intérêts sont différents (ex: la chasse).
L'idée du projet au départ est de vivre ensemble, en autonomie, d'avoir un espace de création, politique, de rencontres.
Lien avec une expérience en Bolivie dans une communauté perdue dans les montagnes qui a des difficultés à s'intégrer dans la communauté agricole. Ils sont vus comme les hippies du coin. Dans leur projet de faire venir les gens du village pour montrer ce qu'ils font (maison écolo...) mais il y a un décalage entre leur réalité et celle des gens du village.
Il y a des collectifs dans des quartiers et des lieux intéressants mais qui n'ont rien à voir avec les gens autour. Le choix du quartier est important si l'envie est d'avoir des liens réels
À la campagne, la question de temps est importante : il faut faire ses preuves (construire, cultiver)
C'est difficile d'enlever la méfiance. À travers les enfants c'est plus facile.
La question de l'insertion est liée à la dynamique de la région, aux codes sociaux, à l'inscription dans un territoire, aux tenants et aboutissants du projet. Les initiatives à la campagne naissent plus facilement dans des réseaux déjà formés.
* Notions de terre, de territoire et de leur nécessité
Le fait de partir longtemps donne envie de retrouver sa terre et les gens qui l'ont fait vivre. Il y a une relation particulière avec un espace et des personnes. On a aussi besoin aussi des personnes qui sont restées : savoir cultiver, connaître le temps, l'environnement...
À propos du territoire, de l'identité, au Chiapas, les gens veulent continuer à vivre dans un endroit d'où ils sont mais il n'empêchent pas les autres d'y aller. C'est différent du nationalisme.
Réconcilier Territoire et espace : qu'est-ce qu'on fait de l'espace ? La terre est à ceux qui la travaillent.
Reclaim the field : s'installer sur des terres, mais pas n'importe comment. Cultiver un espace si on n'est pas paysan : c'est difficile parce qu'il y a l'idée de spécialisation.
Projet d'agriculture urbaine : ça va devenir une nécessité, mais aussi un problème politique (y compris pour les écolos). En réalité, c'est la peur de gens qui se mettent à s'approprier un espace, en particulier les gens (politiques) du coin (qui y habitent depuis 1 mois, 2 ans ou 10 ans).
Problème des terrains : à Montreuil, 27 ha seront bientôt en usage agricole mais l'accès ne sera pas donné à « n'importe qui ».
La région Ile-de-France est la 2e région agricole de France et il y a des terres disponibles. Mais il est important de prendre en main la question de foncier, de spéculation, surtout immobilière.
Terre de liens : foncière avec des parts sociales sur des projets particuliers. Des agriculteurs en Amap peuvent profiter de cette initiative (création d'une couveuse avec Terre de liens)
Problème : c'est une société par action et pas une coopérative...Mais elle a acheter pas mal de terrains en installant des producteurs en bio avec des baux de 99 ans. Intéressant. Pour se rapprocher de Terre de liens, il faut avoir un projet économique.
Une Amap à Bordeaux a acheté une terre et a salarié un agriculteur.
* Autonomie
Cela pose la question de l'autonomie : ne pas dépendre des autres, se rendre compte qu'on peut faire pleins de choses soi-même, décider de faire ou pas. Se ré-approprier son alimentation, sa santé...
Ce qui revient souvent dans la question de l'autonomie, c'est la notion de territoire. Même si on a envie de faire quelque chose, de dépasser la dépendance : on a besoin d'espace, de lieu pour le faire. Ne pas avoir de territoire : c'est un frein à l'autonomie
La symbolique du territoire dépasse la notion purement physique. Beaucoup de gens n'osent pas s'approprier un territoire parce qu'ils ne se sentent pas « légitimes » pour.
Il faut s'engager dans une dynamique d'appropriation : se rendre légitime d'abord dans sa tête.
Exemple dans un jardin partagé : est-ce que j'ai le droit de le faire ?
On est tous des fils ou petits-fils de paysans. Montreuil n'a pas connu de période sans agriculture.
Des femmes maliennes se ré-approprient le savoir-faire de leur famille en Afrique.
Gestion de l'espace du jardin : il y a une partie collective et des parties individuelles.
Dynamique : échanges de plants, graines, construction d'un savoir-faire
Il faut légitimer le fait de vivre en ville et de travailler la terre.
Se nourrir est une fonction vitale. Produire est quelque chose qui aurait dû rester naturel.
On peut tous être médecins, artistes, paysans...
Mais ici il y l'idée de spécialisation qui s'oppose à celle de partage : chacun garde son savoir.
Pour les Zapatistes, l'autonomie, c'est être dans l'acquisition de savoir et ne pas se référer aux « spécialistes ». Il y a la volonté d'apprendre en permanence.
Les liens autour de soi sont le moyen d'acquérir ces connaissances. Être à la fois ressource et les autres ressources : c'est intéressant dans l'autonomie.
Découverte en allant à la campagne : on a appris à faire des choses. On a l'impression de rencontrer des gens qui font plus de choses : travail collectif. On prend plus de choses en charge ensemble.
En ville on ne se pose pas toutes ces questions là
Trajet contraire de la campagne à la ville. L'autonomie est plus difficile en ville. Ce qui manque , c'est le lien avec le territoire qui est un lieu de partage. Manque de lieux pour échanger, des ateliers, des artisans.
Cela revient au problème du territoire sans passer par l'État.
Exemple de vie dans une cour à Paris : plus de liens dans le voisinage
En ville, il faut trouver des prétextes (tondeuse...) pour partager des expériences, pour se rencontrer.
Pas de notes prises sur la table d'en bas

Plénière
* Restitution de la table du bas
Discussion autour des squats sur Montreuil, des centres sociaux en Italie.
Problème entre le fait de créer des lieux et de s'enfermer dans les lieux
Comment créer des passerelles ?
Insuffisance dans la lutte
Campagne : ré-appropriation, expériences collectives
Temps nécessaire pour créer des liens
Comment construire durablement des lieux, des squats
Comment créer quelque chose de pérenne dans les façons de lutter
Différences entre les squats temporaires et d'autres mouvements ou occupations qui rentrent plus dans la légalité mais qui vont dans le même sens.
* Restitution de la table du haut
S'installer : Liens avec les habitants
Agriculture : lien ville et producteurs. les réseaux Amap
Spécialisation vs échanges, apprentissage
Question de l'autonomie : développer différents savoir et les transmettre vs spécialisation
La question de la rencontre, des lieux d'échanges
Autonomie
Groupe de Marseillais : tous des urbains qui récupèreraient des terres à vocation agricole
Idée de s'associer avec des jeunes paysans en recherche de terre sur la même longueur d'ondes pour fusionner avec les urbains qui apprendraient de ces spécialistes et développer la culture de solidarité.
* Discussion
Des espaces même touts petits permettent des liens.
L''espace public est de plus en plus fermé, fragmenté et limite les échanges.
Montreuil : sens de l'humus. Projet de récupérer des terres pour monter une structure maraîchère et une Amap. Beaucoup de pourparlers avec la Mairie et des acteurs privés qui ont d'autres projets.
Campagne : expérience d'épicerie à Tarnac. À la campagne, il y a un manque de lien collectifs. C'est intéressant de créer des lieux de rencontre.
À Paris : comment faire des squats ? Ville bourgeoise, stade terminal. Embourgeoisement des quartiers : Les Halles (squats, puis quartier branché), puis 12e, puis Est parisien... Montreuil ?
Envie de vivre nos expériences alternatives : comment concilier ces projets avec la transformation de Paris. Quelle solution ?
Montreuil : ville gouvernée par Voynet avec des associations qui soutiennent. Mais la Mairie est en train d'expulser les Roms. Contradiction entre les intérêts écolos et la réalité de la prise de position sur les Roms. Verts : logique du pouvoir, de l'État, de parti.
Politique de encombrants : mise à l'écart des gens qui en vivent ou qui en profitent pour une ville plus « propre ».
Impression que chaque fois qu'il se passe quelque chose d'important, d'intéressant : l'État se le ré-approprie, le récupère. On a vite fait de se faire récupérer.
Cela pose la question du quadrillage du territoire par l'État
Ex : la fête de la Goutte d'Or (associative) : les bobos vont voir les mal logés.
Foucault : récupération sémantique (enjeu de pouvoir)
Les associations sont parfois la caution du pouvoir en place.
Les liens entre les luttes sont importants mais il faut aussi faire l'analyse de ce qui se passe, faire la critique politique.
Sur la récupération des associations : lien avec le Mexique. Ici on est très manipulable parce que plus individualisés et moins collectifs. Mais avec un sentiment collectif : on se fait beaucoup moins avoir.
Il est donc important d'être informé, de faire circuler les infos.
Côté pacificateur des associations : importance de développer les initiatives d'éducation populaire : discussion pour développer un regard critique plutôt que d'embrasser la main qui les nourrit. Il faut faire attention parce que historiquement l'éducation populaire est utilisée par le système. Ex : ATTAC
Formation au BAFA : organismes touristiques qui vont être accrédité d'éducation populaire et qui vont former leurs propres animateurs.
Franck Lepage : Inculture (spectacle, conférence gesticulée). Historique de l'éducation populaire. Termine sur les mots : quelles notions derrière les mots qu'il faut savoir se réapproprier. Difficulté de se battre contre ces mots. Cf Télébruit.
* Conclusion
- annonce des thèmes qui étaient prévus pour le lendemain :
* Des lieux pour organiser l'autonomie
* Transformer les espaces du quotidien en espaces de lutte
* Pour un espace public d'échanges, d'expressions, de fêtes, de vie
* De la liberté de circulation à l'abolition des frontières (non traité le samedi)
- proposition de modification contenu des tables :
* L’autonomie (par rapport à l’institution / dans les lieux)
* Les situations de luttes (qui intégrerait l’espace public, son contrôle et les échanges qu’il permet) et les différentes formes d’occupations (intermittentes ou momentanées vs occupations destinées à durer).
* De la liberté de circulation à l'abolition des frontières
* Rendez-vous
Coordination de l'Est parisien
Pour ne pas rester seulement sur Montreuil mais s'élargir : facs, sans pap', logement, squats... Pour se rencontrer en plus que dans les événements (manifs...). Espace d'information plus que d'organisation : échanges d'infos, revues. Pour expliquer, échanger des idées mais pas forcement organiser un groupe. Prochain rendez-vous le 19/12 à 15h à la CIP
Notre Dame des Landes : sur l'aéroport : 16 au 19 /12. Cabane collective et 19et 20/12 : chantier pour retaper une baraque qui pourrait être détruite.

Dimanche 6 décembre

Plénière
Rappel des sujets de discussions abordés la veille (autour de l’idée d’espace et de territoire en ville et d’une part et à la campagne) et des 3 sujets ayant été retenus pour la discussion en conclusion de l’assemblée plenière du samedi :
* Autonomie dans nos lieux au quotidien
* Les situations d’occupation du territoire au cours de luttes à (espace public , occupations type CIP, occupations ponctuelles) et l’autonomie dans ce cadre
* L’immigration, la circulation
S’ensuit une discussion animée sur le bien fondé de séparer les notions des deux premières tables…. Finalement, il est décidé que deux tables traiteront des sujets en fonction de leurs envies.

Table d'en haut
* Autonomie, communauté
Qu’est-ce que l’autonomie ?
- Cela apparait quand quelque chose est construit sur un territoire par un groupe
Cela pose la question du nous
Avec qui être autonome ? L’autonomie est-elle liée à la question du groupe identitaire
Lien autonomie territoire : définir à quel niveau, sur quoi, qui peut faire partie de ce groupe
Mais à partir de quels critères fait-on partie d’un groupe , de quelle façon est-ce ouvert ou fermé ?
Comment on détermine le gourpe dans lequel sont prises les décisions qui concernent tout le monde
Qui peut prendre la parole : exemple au Chiapas d'une personne qui n'est pas indigène qui ne peut pas participer intégralement à la communauté. Il s'agit en fait de personnes qui ne font pas partie des bases de soutien, mais cela n'est pas lié au fait d'être indien.
Difficultés du fonctionnement en assemblée
Un risque de l’autonomie c’est l’isolement ?
Redécouvrir son identité, après la faillite de l’état nation ; identité, appartenance, inscription ; quelles « valeurs »
- Dans un groupe solidaire, avoir des compétences pour être indépendant par rapport à des services payants
Travailler le moins possible à l’extérieur, pour être autosuffisant, pour dépenser le moins possible, s’autonomiser d’un système de production
S’implanter
Se réapproprier les moyens de vivre
- Construire l’autonomie sur l’autosuffisance ce n’est pas suffisant pour créer d’autres façons d’être ensemble
- L’autonomie c’est la désobéissance ; exemple du Mexique avec le refus de payer l’électricité au niveau national : cela passe par la perte de la peur, la création d’un réseau de soutien juridique, une organisation technique, une caisse collective
- Une démarche autonome cela commence par de la résistance ?
Mettre en collectif les désobéissances ?
Ce sont des pratiques de lutte mais pas d’autonomie
Exemple de la lutte autour de la production de l’électricité par éoliennes : pour remplacer le nucléaire mais si on reste dans une société de consommation les éoliennes seront insuffisantes, en plus elles sont produites de façon capitaliste
C’est la consommation qui est excessive
Autonomie = consommer moins
Pour les Zapatistes, construire l'autonomie, c'est une question de formation : ils se créent leur propre éducation. En Europe, il est difficile de construire cette autonomie
Référence au texte d'Annick Stevens : conclusion à partir de l'ancrage dans le territoire
Projection du documentaire sur Marseille
Condition indispensable à l'autonomie : l'ancrage dans un territoire pour un projet commun sur la base « d'occuper, résister, produire » (mouvement des sans terre).
À propos du texte d'Annick Stevens : la question religieuse n'est pas forcément exclue de la question d'autonomie (théorie de la libération...)
Ce qui ressort du film sur Marseille : ce qui crée le territoire, c'est le lien entre les personnes, l'entraide, la façon de vivre ensemble.
L'espace est privé, individuel dans le monde occidental : on a perdu la notion de communauté: Les termes territoire, espace ont une fonction privatisée.
Il y a aussi une perte de relations humaines : la façon de bosser est différente.
À Marseille, la solidarité dans les quartier dérange l'État : c'est une autre façon de penser, de créer
Le territoire du point de vue de l'État est fermé, délimité, d'où l'importance de sortir des mots imposés et de retrouver l'usage des mots, se les ré-approprier.
On se renferme dans un espace privatisé, personnel mais il a beaucoup de territoire partagé : regroupement de voisins, de quartier pour faire des choses ensemble, souvent face à la pression qu'ils peuvent avoir en face. On observe la nécessité de situations de résistance pour faire des choses ensemble.
Murs : récupérer les murs (graphes...), les parcs...
Exemple de Menilmontant : murs très vivants avec les artistes + bal sauvage
Oise : création d'un espace de gratuité : lieu de rencontre qui surprend
* La convivialité et le partage
La solidarité naît de la festivité, de la convivialité, des moments de rencontres, de discussion. Il n'y a pas de solidarité sans cette convivialité, avec des gens qu'on connait, qu'on côtoie d'où l'importance de ces moments, de ces initiatives.
Tous les moments d'autonomie semblent commencer par la convivialité, ou peut-être seulement pour tenir : importance du plaisir pour tenir ensemble.
La différence avec un projet communautaire, c'est la préexistence de cette convivialité.
Exemple d'Oaxaca avec les barricades : on retrouve la convivialité, la solidarité, la communauté pour résister mais aussi faire un projet commun.
Exemple d'un lieu à Beauvais : l'Écume du jour. Système de monnaie parallèle (1 heure de travail). Troc non réciproque. On propose ses compétences et ses demandes. Pas quantifié, calculé. Assez intéressant. C'est un lieu qui crée aussi du lien. Mais c'est aussi un lieu géré de façon très autoritaire et les personnes qui y travaillent sont mal payées même si les initiatives sont sympas.
Intéressant : le fait d'accompagner les gens, les conseiller pour les aider à se rendre compte de ce que chacun peut apporter aux autres. « Capacitation » (formation).
Expérience à Forcalquier : les échanges de savoir, de savoir-faire, les coups de main ne marchent pas s'il n'y a pas de convivialité. Avec les liens qui se créent : les relations sont plus faciles, plus naturelles. On se retrouve alors dans un système communautaire « normal » sans passer par le système de monnaie différente.
Question sur le fait de quantifier les choses ou pas : plus ou moins communautaire, autogéré.
Ce n'est pas le système ou les outils techniques qui vont lancer l'autonomie mais les liens entre les gens.
* Recup'
Faire de la récup' pour la redistribuer crée du lien. Récup dans les marchés : tous ne récupèrent par la même chose (Roms, chinois, blancs) : importance du partage ensuite.
Gare du Nord : groupe qui fait de la bouffe pour tout le monde à Gare du nord 2 fois par semaine
Quand tu commences à le faire régulièrement : produit de la différence : on te donne moins facilement. Beaucoup de codes avec les différentes personnes qui font de la récup'
Récup' : principe d'autonomie ?
- On reste dans la récup' de la société d'abondance. Débrouille plus qu'indépendance par rapport au commerce.
- c'est une autonomie par rapport au supermarché
- non, parce qu'on bouffe la même merde et il n'y a pas d'indépendance par rapport à l'argent. Comme le vol, c'est de la débrouille, ce n'est pas un outil de renversement social. On reste à l'intérieur du système, c'est une niche temporaire. Elle met en place des solidarités, permet la rencontre de gens mais c'est pas un truc à encenser comme pratique d'autonomie.
- Marché bio : beaucoup de récup'. En ville pas de possibilité d'être autonome : c'est un moyen de vivre
* Agriculture urbaine
- Impression qu'en ville on peut développer des pratiques d'agriculture urbaine : Amiens, Toulouse... Il y a pleins de terrains en ville.
- Ça dépend des villes : disparition des jardins ouvriers
- Tours : initiative dans un festival « des bâtons dans les rues ». Petit potager sur les plates-bandes de la mairie. Ils avaient laissé du matériel de jardinage dans un café. Les gens du quartier en dehors de cette initiative ont participé en allant planter des graines : les voisins ont investi le carré de potager même si c'est une toute petite échelle sur une pelouse de la mairie
- pour aller dans le sens de la construction de l'autonomie : mutualisation (véhicule, outils, garder les enfants...)
- Ville : pas forcément en bas de chez toi. Madrid : terrains à 20 km de la ville. Permanents + d'autres qui vont travailler quand ils peuvent.
* Amap
- L'Amap rejoint cette idée. Associations ou collectifs pour maitriser davantage de choses.
- expérience d'Amap : « sortir de l'économie ». Loin de pouvoir nous permettre de devenir plus autonomes : on recrée les mêmes conditions d'exploitation et de dépendance que sur les marchés. IdF : les personnes qui produisent pour les Amaps ne sont pas dans des conditions de travail décentes sauf 2 ou 3 qui profitent du système mais pas leurs employés. Regrouper des consommateurs avec un producteur : spécialisation et imposition des conditions de travail. Reste dans le système
-discussion sur les Amap : comment élargir à tous le monde et par rester dans le cliché bobo. Question d'ouvrir l'initiative : problème de connaître ces initiatives, et problème économique d'avancer l'argent.
- Bordeaux : producteur qui a besoin de coups de main et en échange donne ses légumes. Plein d'associations à partir de liens. Éleveurs : acheter 1 mouton entre 10/20 potes mais pas forcément partage structuré, plus spontané. Choses qui s'élaborent quand tu fonctionnes déjà de façon collective et en recherche de nouvelles initiatives.
Problème qu'on parte de points de vue très individualistes et de vouloir faire des choses à partir d'une question alimentaire
* Autonomie et ouverture des luttes sur les autres
- l'autonomie : qu'est-ce que c'est ? Sectes qui fonctionnent de façon autogérée, village autonome : tout était dans le village mais fait pas rêver.
- L'autonomie : c'est de la réappropriation : c'est à nous (logements...).
- Autonomie : base commune, pratiques communes, question politique. Plein de partis politiques qui se revendiquent de l'autonomie dans une logique de pouvoir.
- Échanges entre plein de personnes qui se connaissent : très bien mais comment sortir du cercle « fermé ». Comment l'ouvrir sur tout le monde.
- problème : si on fait le catalogue des ennemis politiques : on risque de s'enfermer. Parmi les « pauvres » il y a aussi des fachos.
- faire des trucs entre nous c'est pas se fermer aux autres
- Non, mais quand on vient d'un milieu pauvre, difficile d'entrer dans ces cercles, demande de la curiosité.
- nécessité au-delà de la démarche individuelle ou de voisinage... de créer des lieux, des espaces où il y a cet échange de pratiques (récupération de graines...)
- qui est informé de ce qu'on fait : c'est toujours le cercle qui est informé. Peut-être faire des choses dans des manifs plus larges ou dans un quartier... Souvent certains milieux sociaux se retrouvent ensemble.
- Assemblée contre la précarité : aller en groupe pour débloquer des dossiers. Ce serait bien que les personnes concernées, ensuite elle agissent pour les suivants... mais c'est difficile.
- question des sans papiers : lutte puis une fois le problème résolu, on ne lutte plus
- Question de stratégie : lutte pour régler un problème personnel, manger... ou démarche collective, penser la société globalement
- pour changer la société : changer en bas de sa porte : importance de la façon de vivre au quotidien et faire circuler ces informations collectives. Importance de se bouger pour aller chercher l'info. On fait pour les autres et pour soi-même mais reste restreint à un petit nombre : faire circuler et aller chercher les infos

Table d'en bas
* Résumé
1) Terre-territoire : c’est la question des rapports de force et des occupations.
2) Ce qui pose question : c’est la pérennité des lieux et donc des projets qu’ils portent. La pérennité passe inévitablement par le lien aux autres, à ce qu’il y a autour, et donc il s’agirait surtout de développer l’autonomie non pas pour vivre clandestinement mais pour réussir à faire tenir son projet convoquant l’extérieur et la solidarité.
3) Cohésion du groupe doit se fonder sur la base d’une ouverture aux autres. Si le groupe se forme pour rester entre lui, il ne pourra pas s’ouvrir aux autres. Or, il n’y a pas moyen de tenir sur le long terme si l’on n’est pas ouvert. La dynamique doit être plus forte que les individualités : combattre l’individualisme au bénéfice du collectif est une réalité à l’épreuve.
4) On en est à changer nos rapports aux gens !
5) Il faut du temps et prendre le temps !
6) Il faut se rencontrer et prendre le temps sur 10 jours et pas seulement sur 2 ou 2 jours et donc il faut organiser ces rencontres et trouver les lieux d’accueil.
7) Partager et pas seulement discuter.
8) Rompre avec la logique de mise à distance ville-campagne : la question foncière touche tout le monde : il faut réduire la distance et créer des rencontres pour tisser les liens et voir quelle démarche et quelle stratégie possible.
9) L’autonomie c’est l’indépendance vis-à-vis des banques et des institutions.
10) Autonomie : c’est maintenir l’indépendance vis-à-vis des institutions ou pour d’autres c’est progressivement se défaire des subventions une fois le projet consolidé. Il y a des arguments : ‘on se fatigue sur le long terme et il faut avoir la tête tranquille pour faire avancer le projet : donc mieux vaut avoir des subventions pour faire tenir le projet ». Le problème : plus que le rapport aux institutions c’est le lien avec l’extérieur. Car, et c’est un point de vue, l’argent de l’Etat n’est pas le sien et donc la vraie question de la pérennisation c’est la capacité à créer un lien à l’extérieur, d’être en rapport avec le territoire autour pour permettre de résister et de faire progresser le projet.
11) Puis d’autres rajoutent que la radicalité se perd avec le temps, on s’installe dans le confort. La pérennité du projet est liée à la radicalité. La question de l’indépendance vis-à-vis des institutions n’est pas celle de l’indépendance en tant que telle mais le rapport de force qui est crée : la radicalité c’est finalement renvoyer à la question du lien à l’extérieur comme celle qui permet de tenir le rapport de force.
12) Autonomie, auto-gestion, indépendance c’est faire jouer donc la solidarité mutuelle et commencer par se rencontrer. Et donc créer des réseaux et les activer : pas seulement une mise en lien mais une mise en partage pour avancer ensemble et non plus à côtés.
13) Autonomie c’est la question de la pérennité et donc comment éviter les gueguerres, comment ne pas reproduire les vices du système et donc comment gérer le pouvoir au sein de ces micro-systèmes.
14) C’est la question des médias indépendants et de la circulation des émissions.
15) Rapport de force c’est alors celui de tenir des lieux. Et donc une des propositions a été de faire des demandes de subventions collectives…
16) Donc la lutte est liée à l’extérieur, aux autres, aux liens, aux solidarités… Il faut un regard sur les autres, sinon l’autonomie c’est zéro,
17) Donc autonomie, Problème c’est que l’on est sur la défensive : il faut aller plus loin que les jardins collectifs même si tous les efforts sont importants et qu’il faut les soutenir. Il y a une urgence car les terres agricoles disparaissent.
18) Les aveux d’échec sont toujours liés à l’individualisme… Donc c’est aussi l’autocritique pour dépasser nos craintes et difficultés.
19) C’est prendre le temps pour se rencontrer, se lier de solidarité et faire connivence.
20) Il y a des endroits précieux et donc l’un des projets serait d’approfondir ces rencontres dans d’autres lieux avec les gens présents ce week-end et d’autres…
* Présentation des personnes à partir des questions que chacune d’elles voudraient poser et partager avec nous autres : une manière d’entrer dans la discussion.
- Quand on a un lieu : la question de la résistance est en arrière-plan ; si c’est facile : y’a danger ; les squats posent la question de l’autonomie et du rapport aux institutions ; pose la question des nécessités ; l’occupation par nécessité vitale, pour une réunion politique, par les sans-papiers se fait de façon séparée du fait même qu’ils n’ont pas le même objectif.
- l’autonomie, ma question c’est comment les organiser, comment gérer le pouvoir au sein de ces micro-systèmes ; la question du rapport à l’extérieur est importante à garder : la relation à tenir
- expo commune d’Oaxaca
- Quelle autonomie ? Constitutionnelle ou autogestionnaire ? C’est une lutte donc une autonomie sans subventions ! Internationalisme : mouvement comme les zapatistes / Berbères : il est question de la suppression des frontières : question des frontières et des identités.
- Longo Maï : démarche qui change mais entre nous ce n’est pas l’autonomie que l’on cherche mais l’indépendance / Ce n’est pas l’autarcie car il y a un monde autour et donc des échanges / les enfants sont dans l’école institutionnelle / il y a des subventions agricoles mais les activités ne sont pas financières : il y a un grand réseau d’amis qui se solidarise, c’est la solidarité / et c’est le phénomène des alliances et des liens : émergence d’un discours lisse : Terre des liens / On a opté pour un accès collectif au foncier agricole / radio libre sur tout le sud-ouest
- Alpes maritimes : zones rurales qui se réduisent et avec une zone métropole qui bouffe les espaces d’autonomie / ma question est celle de la pérennisation. On a fait l’expérience d’achat d’une maison collective /squat et donc la question de l’institutionnalisation s’est posée et donc on s’est demandé si on devait ou pas ? Et si non, comment on pérennise ? Car on se fatigue si on ne peut pas pérenniser et s’il faut toujours recommencer. L’argent ce n’est pas de l’Etat, pour moi ce n’est pas son argent : c’est un point de vue et donc la question c’est surtout celle du lien à l’extérieur car si on a un rapport avec le territoire environnant, avec ce qu’il y a autour, ça permet de résister et de s’imposer et donc plus que le problème du rapport avec l’institution, c’est créer le lien avec l’extérieur.
- contenu humain est riche ; qu’est-ce qu’on cherche quand on parle d’autonomie ? Pour moi c’est le lien direct avec la solidarité ; solidarité est un terme de l’autonomie car le terme d’autonomie a été exploité jusqu’à signifier individualisme et donc la question des liens.
- on a crée un groupe communautaire autonome dans les Hautes Alpes (proche Forcalquier) dans un milieu rural et on a vite été proche de l’autonomie mais finalement on a eu des chemins de vie différents et on s’est séparé.
- aujourd’hui travaille dans une association comme jardinier éducateur (éducation populaire) à Longjumeau. Question de l’autonomie pose la question politique qui vient du fait des rapports avec la mairie. L’éducation est l’un des trois leviers du changement social : autonomie / politique / éducation : c’est séparé or besoin que ce soit une même chose pour faire changement.
- Difficulté c’est l’autonomie sans être autarcique : il manque un maillon ; il manque des liens effectivement, car on tient séparé. Espace public : c’est un piège car il est ce qui fait que l’on vit séparés et crée les grilles de séparation. Vision de la division : espace rural et espace urbain est une division qui ne devrait pas être prise en compte.
- Grenoble : des années d’expérience de squat avec des pratiques autonomisantes par rapport à la construction, la vie etc. Et donc oui, il y a beaucoup de lieux mais on se fatigue à la longue et il y a les gueguerres internes et liées justement au fait de savoir si on institutionnalise ou pas : on crée ensemble et en même temps on est en conflit et on bloque sur le temps et quand il y a un lieu avec l’extérieur c’est aussi le moment où on est réprimé car c’est ce qu’ils ne veulent pas que les liens se créent. Et certains donc sont fatigués et veulent acheter des terres car ils ont envie de sortir en campagne mais donc on doit négocier avec la mairie mais aussi comme l’on doit se faire bien voir par les gens du village pour tenir… alors on perd de sa radicalité. Comment on se range ? Oaui, tu penses qu’il y a 5 ans … et donc on se fatigue ou pas…. Donc pour moi c’est la pagaille, je ne sais pas toujours comment on peut continuer…
- question du radicalisme et de la pérennité : question du temps et du confort / autonome : on est plus indépendant mais l’autonomie n’est pas possible, on y tend mais elle n’est jamais vraiment totale.
- Nantes : je suis dans la bouillasse des squats nantais et la question posée du milieu rural que je trouve triste, je suis aussi sur le projet de l’aéroport international à Nantes : méga-métropole ouest. Lutte depuis 40 ans avec des formes légalistes et ne va pas au-delà et du coup on cherche à se faire appuyer par des groupes d’élus et c’est citoyenniste et hiérarchique (80% terres Conseil régional, sans remenbrement). Alors on a fait appel à organisation climat : il y a un camp qui s’est monté cet été et avec des maisons occupées : c’est un espace collectif organisé avec des projets de jardins, c’est une dynamique de lutte qui est en train d’émerger et c’est long et en même temps ça va vite : c’est différent que décider d’aller vivre à la campagne !
- c’est la question des frontières, question des limites : quelle ouverture ? Espace circulant, séparé ? Question de l’identité des groupes.
- Inde groupe Naxalist (maoiste) fait des recherches : création de l’autonomie et question de la solidarité.
- rapport à l’expérience zapatiste
* Discussion
Le rapport de force aux institutions : pas la question d’être indépendant seulement mais donc du rapport de force : donc tenir des lieux c’est d’abord prendre de la force avec ce qui se passe autour.
Subvention : demandes collectives plutôt que le faire un par un de son côté et donc on a tous obtenus les subventions mais on a ensuite réparti et là chacun à géré sa tune et c’est là le problème : on n’a pas fait le bon choix car chacun fait son truc dans son coin.
Problème de l’autonomie c’est que l’on est sur la défensive : y’a des expériences qui ont 30 ans, d’autres sont plus récentes et donc il faut créer une démarche pour créer un rapport de force qui va au-delà des petits jardins : il faut des terres agricoles ! Le problème c’est que le peu que l’on fait est repris et donc ça ne tient pas : même s’il y a des expériences super autonomes au départ, il faut les booster ! Les terres agricoles disparaissent et si l’autonomie est au prix d’un prêt auprès de la Nef ce n’est pas de l’autonomie, même si je ne veux pas dire qu’il ne faut pas le faire, mais il faut voir !
On s’est dit qu’on pourrait occuper des terres comme on occupe un squat mais comme il y a la volonté de pérennité on a décidé d’éviter l’expulsion et donc que ce ne serait pas le lieu qui créerait et donc il y a un bail qui permet d’avoir la tête tranquille pour créer même si on s’inscrit dans le foncier institutionnel / France ce n’est pas comme le Mexique avec la question de la distribution et des occupations.
On est tous du collectif Caracol Marseille, on s’épuise à faire le lien entre toutes ces luttes et on a décidé de faire entre gens qui se connaissent bien. On a une maison collective avec des permanents et des non permanents : le projet est permanent et donc l’auto-alimentation est assurée avec les permanents.
Longo Maï : Un travail juridique a été fait et il y a une Fondation en Suisse qui est l’espace d’une structure comme solution juridique : toutes les fermes appartiennent à la fondation. Comme Carivola où il y a 3 fermes de propriété collective.
Longo Maï : Certains sont là depuis 30 ans même 40 ans et en ce moment il y a beaucoup de gens qui arrivent. 300 ha et 100 personnes (15 nationalités) qui y vivent et l’été d’autres arrivent (ils peuvent camper en été) et donc c’est bien mais il faut trouver un équilibre car on finit par être trop mais il y a égalité complète entre tous et je pense que c’est une expérience intéressante ! Il y a des émissions de radio/ beaucoup d’urbains veulent venir travailler les champs, c’est le périurbains aussi.
On est là à un moment important : question du foncier est terrible ! Est-ce que c’est possible de faire des occupations ? En tous les cas, il y a beaucoup de liens et donc on pourrait au moins essayer de ne pas garder ces coupures entre eux.
Radio est un point important, il y en a beaucoup et donc les émissions pourraient passer aussi des unes aux autres. Radio Longo Maï sur tout le ¼ sud-ouest et 10 de Longo Maï sont allés dans la zone urbaine de Grenoble pour faire un chantier et avec une ½ journée de discussion : et l’intérêt c’est que ce ne soit pas sur 2 ou 3 jours mais sur 10 jours : question de rythme et donc il faut trouver des endroits pour se rencontrer sur une semaine.
Importance du temps : c’est dans la tête aussi.
On se croise, les radios, les rencontres etc. et en réalité c’est en construisant qu’on tient et dès que c’est fini alors on revient aux discussions et aux gueguerres internes.
Division entre l’espace mental et l’espace global auquel on participe : savoir comment nuire à l’ennemi : y’en a qui parle d’étatalité. L'État c’est le pouvoir de l’argent, alors on dit aussi qu’on peut lui prendre l’argent. Et le problème c’est qu’il n’y a pas l’esprit collectif et donc d’abord c’est d’avoir une organisation avant d’attaquer l’ennemi commun et surtout construire son monde.
Longo Maï c’est une initiative comme une construction en rupture avec le syndicalisme et les formes de luttes politiques en cours et donc il faut recréer une force effective. Il y a des endroits précieux pour se ressourcer et prendre le temps, mais il n’y en a pas beaucoup.
L’idée serait de faire une rencontre d’échanges et d’aller à la rencontre des lieux des uns et des autres : à organiser !!!
Panorama sombre mais d’accord pour dire que c’est d’abord un travail d’autocritique qui doit être important car souvent on manque d’ouverture et les zapatistes ont cette capacité d’accueil et d’ouverture. S’il n’y a pas solidarité et regard sur l’autre : l’autonomie c’est zéro !
Logique pour une cohésion d’être fermé mais quand cohésion est acquise il faut s’ouvrir : les groupes en bonne santé peuvent permettre de s’ouvrir. Ne peut pas être fermé sur le long terme.
Capables d’annexer des gens et certaines idées, appel large parfois pour un apéro mais on reste entre groupes. Choix donc : tu es ouvert ou pas ! Ce n’est pas à ouvrir à tous prix !
En 68 ce sont des communautés et aujourd’hui il faut du communautaire.
Notion de bulle : crée des communautés ou du communautaire ? Crée du communautaire pour l’autonomie : ce n’est pas la même chose de créer vers l’extérieur car on est dans intérieur / extérieur or la question de la cohésion du groupe ce n’est pas ce qui est en jeu mais c’est la question du projet lui-même.
Non, si un groupe est autarcique il peut avoir un impact sur l’extérieur.
La question c’est donc du rapport local, car c’est illusoire de renverser le capitalisme par contre ça va se briser au niveau local, et donc il faut créer des rapports avec le village : et donc comment on inscrit notre radicalité dans un autre espace que rural ?
On en est à changer nos rapports avec les gens ! Mais la crainte est de ne pas tenir contre l’individualité et l’individualisme ! On s’est dit radical : on réquisitionne ! Partager, on n’a pas à se justifier ! Mais le problème c’est le lien avec les autres car on est obligé de ne pas dire ce que l’on fait, c’est la clandestinité ! Et soit disant c’est de la stratégie, et ça m’effraie et donc c’est quoi ce délire où on ne peut pas dire que l’on fait de la construction illégale : on est en train de construire une maison sur une terre et ce sont nos terres, on les a récupérées ! Alors au niveau stratégique, on ne fait pas du collage dans le village.
Le problème c’est que c’est comme ça dans tous les villages. Exemple de l’occupation d’une ferme : haut lieu de résistance abandonné pendant 70 ans. Beaucoup de sympathie dans le village pour ces jeunes et leur projet. Il y avait construction éphémère (yourte). Le préfet a décidé de faire tomber ça et le propriétaire a accepté et donc tout a été détruit. Puis occupation d’un lieu dont le propriétaire n’est jamais là (un Anglais). Puis ils se sont mis à faire des discours sur le tourisme en dénonçant ceux qui font du Bio et ils se sont coupés des gens. Il faut tenir sur ces positions sans se couper des gens et de l’extérieur !
Question des luttes temporaires : 400 sans-papiers ont ouvert une maison avec la CGT, RESF et d’autres collectifs : dans d’anciens bureau occupés pendant 6 mois om une mini-société s’est recréée alors ce n’est pas forcément une démarche communautaire. La question de l’organisation au quotidien fait la richesse des liens et en même temps les contradictions sont recréées au sein de l’espace…
Plénière
* Restitution de la table du bas
Discussion à partir d'expérience concrète de plusieurs personnes présentes d'horizons différents
Rencontre : temps trop rapide, volonté de continuer, de se voir sur d'autres lieux, notamment d'expérience concrètes. Ne pas s'exclure mais ne pas perdre la spécificité de chaque expérience ni du but qu'on trouvait ensemble pour se retrouver.
Discussion sur ND des Landes : exemple concret avec l'aéroport et touche des gens très différents, avec des objectifs différents mais se retrouvent à travers cette lutte qui peut permettre de créer d'autres choses.
* Restitution de la table du haut
Question de l'autonomie prise de différents points de vue : qu'est-ce que ça signifie.
On n'a pas trop parler de création d'espace de production mais plutôt de récupérer de l'autonomie au quotidien, résistance, débrouille, récupération (matérielle) : moyens de sortir du système marchand, l'entraide locale, la désobéissance (Mexique autour de l'électricité).
L'idée c'est que ces formes d'autonomie se développent autour de la convivialité avec son voisinage. Idée d'arriver à créer des ponts entre les différents milieux : comment faire pour ouvrir le groupe à d'autres
Créer du communautaire au-delà du petit groupe qui se retrouve
Les gens de la ville qui se retrouvent à la campagne : les perspectives de luttes sont différentes
La question du territoire, c'est la base pour développer l'autonomie mais il faut penser autrement le mot territoire, ne pas le rattacher forcément à l'idée d'un espace délimité.
Réfléchir à la notion d'autonomie : qu'est-ce qu'on veut faire ensemble
Annick Stevens : base de l'autonomie « résister, échanger, produire » : produire pour vivre
* Échanges sur les luttes des présents pour la suite
- CIP : lutte pour garder cet espace.
- 19/12 à 15h discussion autour d'un projet d'espace régulier. Coordination des occupations de l'Est parisien
- Projet d'étendre la ville de Nantes avec notamment le projet d'aéroport. Chantier du 16 au 19/12 d'un espace collectif : « Les Planchettes »
- Montreuil : Roms qui se sont faits expulsés d'un terrain vague près du Salon du livre jeunesse. Ouverture d'une maison vendredi soir (très précaire) pour camper dans le jardin (arrêté de péril).
- Marseille : rencontres le 8 janvier dans le même genre.
- Rencontres des collectifs de solidarité avec les zapatistes les 16 et 17 janvier.
- Expo sur Oaxaca les 18 et 19 + possibilité d'autres dates pour tourner avec des personnes de Vocal
- Jeux Olympiques de 2010 : des gens ont été délogés au Canada pour ces Jeux. Événements qui vont avoir lieu. Pasdejeuxolympiquessurdesterresvolées (en anglais)
- Vicam : réunion de tous les Indiens d'Amérique où les Indiens du Canada ont parlé de cette volonté d'essayer d'empêcher la tenue des JO
- intervention de la CIP : la question de l'autonomie ne se résout pas à des lieux mais à des territoires : question existentielle. Pas de lieux clos ou limités mais c'est un question de ponts : formes de nomadismes imaginaires ou réels. Défendre la CIP, lieu de lutte mais il y a un plan d'urbanisme maintenant (ZAC) qui veut le faire disparaître. Pour le moment il y a une proposition de relogement (lieu assigné en justice). Lieu : toutes sortes de choses et lié aussi à occuper d'autres lieux différents (Ex: le 5/12 : le 104, occupation de Caf, pôle emploi) même si ce sont des incursions brèves, ce sont des formes de lutte et de résistance. Produire quoi : forme de subsistance pour l'accès aux droits donc dans le système capitaliste et produire aussi de la lutte. Contribuer à produire de la communauté de lutte. Libérer de l'espace physique mais aussi mental. C'est ce que la Mairie attaque. Slogan de la manif d'hier : « plus de chômeurs, moins de CO2 ». Assemblée sur Paris la semaine prochaine pour organiser la suite.

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